Astrologie, être astrologue

#1 Etre astrologue L’astrologie, mon miroir des âmes

Chers lecteurs,

C’est une nouvelle série d’articles que je souhaite vous proposer, en parallèle de ceux sur les clichés. En effet s’il est intéressant de parler d’astrologie, se placer du côté de celui qui réalise le travail et qui accompagne l’est tout autant. Cette série d’articles je l’ai voulue comme une conversation plus intime, plus personnelle entre vous et moi.
Mon souhait est qu’elle puisse faire émerger la figure d’astrologue que je défends, celle que je tente d’incarner.

Il y a peu d’écrits sur le fait d’être astrologue, ou de se dire astrologue.
Est-ce parce qu’il faut nécessairement s’effacer derrière l’interprétation ? Je n’en sais rien, en tout cas c’est bien moi qu’on voit derrière, avec le moins de biais possibles bien sûr, mais c’est quand même ma lecture, ma vision, mon thème et mon bagage qui s’expriment. C’est aussi grâce à cela qu’on vient vers moi, pour ce qu’on aime chez moi, et même peut-être pour ce qu’on aime pas. Mon bagage est quoi qu’il arrive, à votre service.

J’ai déjà expliqué sur ce même blog il y a plusieurs années comment l’astrologie est venue à moi. Bien que l’article soit daté et qu’un million de changements soient apparus au cours de ces 6 ans, l’histoire reste la même. Un jour j’ai rencontré l’astrologie par le biais d’une thérapeute et elle m’a enseigné les bases de l’interprétation par devers elle. Je l’ai fréquentée six années durant et ai pu lui poser des questions, d’abord sur mon thème, et enfin sur l’astrologie en général. Il ne suffit pas de savoir lire une carte routière pour se repérer dehors, l’astrologie fonctionne sur un modèle similaire.

Lors de mes débuts dans l’astrologie, j’ai pu demander mille choses, mettre en perspective ce que je vivais et surtout j’ai commencé de suite à mettre les mains dans le cambouis, c’est à dire analyser des thèmes. C’est en pratiquant et en observant que j’ai compris, que j’ai affiné ma technique (ce n’est pas fini, j’ajuste ma position en permanence). Je crois que ce que j’ai toujours préféré, c’est l’humain qui se livre en pensant qu’il n’apprendra rien et qui découvre qui il « est » au-delà de ce qu’il pensait être. Ma pratique de l’astrologie c’est avant tout toucher le coeur des gens, leur donner une perspective autre, leur permettre de reprendre confiance.

Rien n’est plus beau, rien n’est plus intime qu’une personne qui vous donne les clés de chez elle. Elle ne sait d’ailleurs pas ce qui va ressortir de la séance, même si elle donne à l’avance des indications sur ce qu’elle aimerait travailler. Il en jaillit toujours une vérité difficilement explicable. D’ailleurs, je ne sais pas non plus ce que j’y trouverai, et c’est durant la séance que je le saurai. La restitution d’un thème c’est deux heures à passer du temps avec un client qui vient chercher du réconfort sinon une guidance vers un mieux-être, vers des perspectives qui lui sont inconnues. C’est un moment où les consultants peuvent déposer tout ce qu’ils n’auraient dit avant, de peur d’être jugés, d’être pris pour des fous. Une peur qu’on pointe du doigt leurs incohérences, leur malaise et ce sentiment inexplicable de ne pas savoir qui ils sont et où ils vont.
Alors ils viennent me voir, et je leur montre.

J’ai mis tant d’années avant de me dire que j’étais astrologue.
C’est à dire que je ne me sentais pas prête, prête à assumer que je pouvais aider les autres. Ce n’est pas un don, cela se travaille. Et le travail commence déjà en soi.
La facilité avec laquelle on se confiait à moi a toujours été source d’étonnement, et il m’est impossible de l’expliquer rationnellement. Enfin si tant est qu’on puisse y mettre de la raison…
Alors, j’ai songé que je devais faire office de miroir, et pas n’importe quelle sorte de miroir, un miroir des âmes.

Cette expression, vous l’aurez sans doute compris n’est pas de mon invention. Le miroir des âmes simples et anéanties est un livre écrit par Marguerite Porete, une mystique du 13ème siècle. Si j’aime tant le moyen âge c’est qu’à la manière de l’astrologie, la pensée médiévale est basée sur l’analogie et est riche de symboles, plus ou moins difficiles d’accès. Le miroir des âmes est sur ma table de chevet depuis très longtemps et ne se lit pas si facilement, il est principalement question d’une mystique en recherche de Dieu à qui on tend une sorte de miroir.
L’objet est, dans la littérature médiévale bien plus qu’un reflet de soi dans une glace.
Je vous glisse ici la définition qu’en fait le traducteur dans la préface du Miroir.

« la littérature médiévale est riche de plusieurs centaines de « Miroirs » de toutes sortes : Miroirs de la nature, Miroirs de l’histoire, Miroirs de la morale, tous ont en commun de faire « miroiter » tel ou tel aspect de la réalité aux yeux d’un lecteur qui est d’abord un spectateur. C’est à dire qu’un miroir est beaucoup plus qu’un livre moderne : reflet de la réalité, il se veut aussi reflet de celui qui la regarde ; ou plutôt il va permettre la coïncidence des deux par une transformation intérieure d’ordre sacramentel à laquelle pouvait prétendre le livre au moyen-âge. »

L’image qu’on voit de soi amène à la transformation intérieure.
C’est beau, et c’est l’image que je cherchais.
Je ne sais pas quel point de mon thème ou de moi-même amène mon entourage à s’ouvrir si facilement (ma maison VIII ?) à me faire des confidences parfois bien étranges comme si j’allais de toute manière en comprendre instinctivement la cause. C’est l’astrologie qui m’a permis de structurer cela, car je souhaitais construire une relation, un pacte entre deux personnes où tous seraient libres de déposer ce qu’ils souhaitaient.

Et c’est ce que j’y ai vu, des interrogations, des souffrances, des joies et des peines, des deuils …
J’ai pour habitude de laisser ceux qui viennent me voir se présenter, me dire ce qui les amène ici et je prends des notes. Je n’interviens que très peu.
La consultation est suffisamment longue pour que pendant une demi heure on m’explique pourquoi on se retrouve autour du thème de naissance. J’ai ce besoin viscéral de sentir, de comprendre, d’analyser. C’est dans les regards, le poids des mots que se dessine le chemin que je vais emprunter. C’est dans les paroles lourdes de sens ou les silences que je saurais si j’ai bien compris le thème, si je suis au bon endroit.
Et souvent c’est le cas.

Un article c’est beaucoup trop court pour exprimer ce que je ressens et ce que j’ai vécu en séance.
Ce sont mes expériences de vie, surtout les difficiles qui m’ont forgée aujourd’hui en tant que femme et en tant qu’astrologue.
Je ne guéris pas, je ne soigne pas. J’écoute. Et souvent je conseille.
Ces dernières années j’ai fréquenté le milieu de la thérapie, du monde ésotérique et j’en garde un constat parfois amer. Sur beaucoup de thérapeutes et d’astrologues, combien savent vraiment être à l’écoute ? Combien ont réellement fait le travail d’introspection nécessaire pour prendre en compte ce que dit l’autre et l’accepter tel qu’il est ? Lui permettre d’exprimer à la fois cette part innée du thème et ce libre arbitre au-dessus duquel rien n’existe ?

Mon prénom signifie la grâce, je ne l’oublierai jamais. La grâce ce n’est pas seulement se mouvoir joliment et attirer les regards, la grâce c’est avant tout le fait d’être sauvée par une main invisible à chaque fois quand il y a menace (j’en ai parlé dans le précédent article sur la maison VIII). Etre sauvée c’est être aussi mise en sécurité par soi-même ou par les autres. C’est en l’absence d’une divinité qui s’interposerait entre soi et la mort, être tout d’abord une bonne mère pour soi. C’est se croire quand les autres ne nous écoutent pas, c’est se mettre en sécurité quand la vie vous pousse au péril, c’est rompre ce qui vous brise pour vous donner la force de vous reconstruire.
Si je vous en parle aujourd’hui c’est que ma parole n’a pas toujours été respectée ou valorisée.
Et à chaque fois que je suis en séance je m’en souviens, car du plus profond de mon âme, si je réalise votre thème c’est pour vous permettre de trouver cette écoute que je n’ai pas eu moi-même, c’est pour vous offrir un espace suffisamment sécurisant dans lequel vous pourrez vous exprimer.
Et où moi je m’engage à recueillir cette parole, sans jugement.
Mon travail c’est de vous entendre, j’en fais la promesse singulière.
Pour réparer l’injustice du monde, pour libérer la votre qui souvent est chargée de douleur et de peine.

C’est tout un travail d’être cette mère. J’espère de tout mon coeur l’être d’abord pour moi et ensuite vous montrer que c’est possible de l’être pour vous.
Etre votre miroir peut-être, au moins pour ça. En tout cas, le miroir tel que l’avait nommé Marguerite Porete et dont l’héritage s’est perdu « Le miroir des âmes simples et anéanties et qui seulement demeurent en vouloir et désir d’amour ».



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